La mesure d’abaissement de la vitesse maximale autorisée (VMA) de 90 à 80 km/h sur les routes hors agglomération sans séparation centrale a fait l’objet de plusieurs études concernant les conséquences à attendre de la mise en oeuvre d'une telle mesure. Les principaux travaux sont présentés ici :
- le Rapport du Comité des Experts du Conseil National de Sécurité Routière (CNSR) de 2013 concernant l'impact sur l'accidentalité
- l'étude socio-économique de 2018 du Commissariat Général au Développement Durable (CGDD) du Ministère de l'Ecologie
- l'estimation de l'impact en matière de réduction des émissions de polluants de 2018 d'Atmo Auvergne Rhône Alpes.
Les 3 rapports ayant permis d'apprécier les enjeux du réseau routier bidirectionnel hors agglomération sont présentés dans d'autres articles sur ce site, mais les rapports sont disponibles néanmoins en téléchargement ci-contre :
Proposition d'une stratégie pour diviser par deux le nombre des personnes tuées ou blessées gravement d'ici 2020 - Tome 1 - par le Comité des experts du CNSR - 2013
Lors de l'installation du 3e mandat du CNSR en novembre 2012, le Ministre de l'Intérieur Manuel Valls avait annoncé l'objectif du gouvernement de diviser par deux la mortalité routière en France entre 2010 et 2020, un objectif cohérent avec celui affiché par la Commission Européenne. Le comité des experts du CNSR a donc travaillé à identifier quelles mesures permettraient de significativement réduire la mortalité routière et le nombre de blessés graves. Dans ce premier tome, les experts présentent plusieurs axes d'action, dont le premier et le plus efficace est d'abaisser la vitesse maximale autorisée de 90 à 80 km/h sur le réseau routier hors agglomération sans séparation centrale. Ils justifient dans ce rapport :
- pourquoi s'intéresser à ce réseau routier : environ 2000 personnes y sont tuées chaque année
- pourquoi abaisser la vitesse : "la vitesse du véhicule influe sur la capacité du conducteur à s'adapter aux situations rencontrées, sur la genèse et sur la gravité lésionnelle de celui-ci." Le rapport indique quelle baisse des vitesses pratiquées attendre par un abaissement de la vitesse maximale autorisée, et justifie l'amplitude de la baisse de VMA à opérer (10 km/h)
- quel gain en vies attendre d'une telle mesure, selon qu'elle est mise en place sur l'ensemble du réseau (350 à 400 vies) ou moyennant quelques exceptions (de l'ordre de 200 vies). En effet, il cite l'étude du Cerema concernant l'accidentalité selon le type de réseau : le réseau le plus utilisé, le plus confortable, concentre l'essentiel des accidents graves ; il est donc particulièrement utile d'y appliquer la mesure.
Réduction des vitesses sur les routes - Analyse coûts bénéfices - par le CGDD - 2018
Ce rapport d’évaluation socio-économique étudie les effets de différents scénarios de réduction des vitesses maximales autorisées pour les voitures selon le type de réseau. Il répond à une demande de la Conférence Environnementale de 2014. La méthodologie s’appuie donc sur plusieurs scénarios de politiques d’abaissement des VMA qui sont ensuite évalués. La construction des bilans socio-économiques de ces mesures s’appuie sur des travaux d’économétrie et de modélisation. Le lien entre accidentalité et vitesse pratiquée sur les routes est estimé sur plusieurs réseaux d’infrastructure. Outre la vitesse moyenne, la circulation figure parmi les variables explicatives. Les bilans socio-économiques des différents scénarios dépendent, selon le réseau, des deux effets prépondérants : la réduction de l’accidentalité et la perte de temps subie par les usagers. Il apparaît que le principal gain d’une telle mesure concerne la réduction du nombre de morts et de blessés graves. Les bénéfices environnementaux sont de second ordre.
En tenant compte des relations statistiques entre vitesses et accidentalité, le bilan socio-économique est négatif sur chacun des grands types de réseaux (autoroutier, nationales et départementales, urbain). Il serait toutefois positif sur un périmètre plus ciblé : les routes nationales et départementales à chaussée unique, qui concentrent l’essentiel des accidents. L’éclairage apporté par des mises en œuvre concrètes semble néanmoins essentiel pour mieux apprécier la robustesse de ces résultats.
Abaissement de la vitesse à 80 km/ h et impact sur les émissions polluantes - par Atmo Auvergne Rhône Alpes - 2018
Atmo Auvergne-Rhône-Alpes est l’observatoire agréé par le Ministère de la Transition écologique et solidaire pour la surveillance et l’information sur la qualité de l’air en Auvergne-Rhône-Alpes. En avril 2018, Atmo Auvergne-Rhône-Alpes s’est attaché à modelliser l’impact de la réduction de VMA à 80 km/h sur les émissions de polluants atmosphériques des véhicules empruntant les réseaux routiers concernés par la mesure. De nombreux paramètres ont été pris en compte pour évaluer l’impact de cette baisse de vitesse : volume du trafic et caractéristiques du parc roulant, caractéristiques du réseau routier, facteurs d’émissions, profils de vitesse permettant d’estimer les vitesses réelles de circulation.
Il en ressort que la baisse des émissions sera d'autant plus forte que la part de trafic poids lourd en circulation est peu importante. On peut s'attendre à une baisse des émissions de gaz à effet de serre (CO2) jusqu'à 3%, et une baisse des émissions de particules fines et oxydes d'azote (nocives pour la santé des personnes résidant dans les 50m près des axes routiers concernés par la mesure) jusqu'à 7%.