Abaissement à 70 km/h de la vitesse sur réseaux locaux – Etude d’enjeux - Normandie

Abaisser la vitesse maximale autorisée à 70 km/h sur les réseaux locaux est-elle une option pour réduire l'accidentalité ? L'étude détaillée réalisée par le CETE Normandie Centre de l'accidentalité sur les réseaux interurbains des départements de la Manche et de la Seine Maritime s'intéresse aux enjeux respectifs du réseau local et du réseau structurant. Elle a été finalisée en octobre 2013 : " 70km/h : étude de l'abaissement des limitations de vitesse sur les réseaux locaux – étude d'enjeu".

L'accidentalité sur les routes départementales est plus importante que sur les autres réseaux. Actuellement, cette accidentalité représente plus de la moitié du nombre de tués annuel en France, tous réseaux confondus. La réduction des vitesses réglementaires peut constituer une mesure efficace pour réduire l'insécurité routière, notamment par le lien statistique avéré entre vitesse et accidents. L'objectif de cette étude était donc :

• d'étudier la perspective de réduction des limitations de vitesse de 90 à 70km/h sur les réseaux départementaux dont les caractéristiques restent à définir (en s'inspirant des catégories définies par les départements) ;

• d'étudier l'hypothèse d'une mesure à grande échelle (modification du code de la route en imposant un 70 km/h généralisé, le 90 km/h devenant une exception).

Objectifs de l’étude

Les objectifs de la présente étude sont, dans un premier temps, d'estimer l'enjeu global de sécurité routière lié aux accidents qui surviennent sur les réseaux départementaux. Dans un second temps, il s'agit d'estimer l'impact a priori de la baisse des limitations de vitesse de 90 à 70 km/h sur les réseaux départementaux locaux. Pour ce faire, un recueil de données et d'informations est nécessaire :

• utilisation du fichier BAAC (Bulletin d'Analyse des Accidents Corporels) pour évaluer l'enjeu global : on s’intéresse aux accidents survenus, France entière, au cours des trois der-nières années (2010-2011-2012) sur ce type de réseau, hors agglomération. Pour cette analyse, nous sommes limités par la classification des accidents dans les catégories de ré-seaux suivantes : autoroute, RN, RD, VC ; il n'existe pas de sous-catégories pour les RD ;

• utilisation du fichier BAAC pour disposer d’informations exhaustives pour les départements de la Seine-Maritime et de la Manche. La période d'étude retenue est de cinq ans (2007-2011) et elle concerne les accidents survenus hors agglomération sur le réseau des routes départementales ;

• utilisation de la catégorisation des réseaux routiers départementaux obtenue à partir des informations transmises par les départements de la Seine-Maritime et de la Manche. Dans ce cas, on dispose de la totalité du réseau des RD sans distinction « Agglomération » et « Hors agglomération ».

Résultats

La répartition réseaux structurants/réseaux locaux est la suivante :

Le réseau local représente un linéaire très supérieur au réseau principal, mais il enregistre une part bien moindre d'accidents mortels :

Conclusions et perspectives

Cette étude d'enjeu, limitée à l'analyse des informations issues de deux départements, a permis d'estimer globalement l'impact a priori d'une mesure d’abaissement de 20km/h de la limitation de vitesse de 90 km/h actuellement utilisée pour les réseaux départementaux sans distinction de catégories.

Selon que cette mesure s'applique à la totalité du réseau départemental ou au seul réseau départemental local, son impact est bien différent.

En effet, il ressort de l'analyse des accidents que le gisement de sécurité routière est important (en 2012 : 1783 accidents mortels survenant hors agglomération / an sur le réseau départemental France entière).

Cependant, il est estimé que près de 2/3 de ces accidents mortels se produisent sur le réseau départemental principal, alors qu'il ne représente qu' 1/3 du linéaire de réseau routier départemental. Dans le cas d'une mesure limitée aux seuls réseaux départementaux locaux, l'impact est ainsi très limité.

Cependant, en considérant seulement l'impact de sécurité routière, il pourrait s'exprimer par d'autres indicateurs que le nombre d'accidents mortels évités et, notamment, par des indicateurs de risques et d'exposition aux risques. Pour ce faire, il est nécessaire d'approfondir la connaissance du réseau départemental local, notamment : les critères de catégorisation du réseau utilisés par les gestionnaires ; les trafics, les usages, les vitesses pratiquées ; l'accidentalité (typologie, mécanisme d'accidents, …) ; l'exposition aux risques.

Enfin, il convient de mentionner que l’enjeu d’une mesure de réduction des vitesses de 20 km/h dépasse le cadre seul de l’accidentologie. D’autres thématiques, comme l’apaisement de la circulation, une mobilité différente ou l’environnement peuvent être déterminantes dans l’application d’une telle mesure.