Suite à une demande du Président du Conseil national de sécurité routière, le comité des experts s’est penché sur la question d’une stratégie visant à réduire le nombre de décès et de blessés graves sur les routes. Un premier Tome rassemblait différentes recommandations permettant de réduire la mortalité à moins de 2 000 morts sur les routes en 2020. Ce second Tome du Comité des experts regroupe des mesures ciblées sur les « groupes à risque ».
Les « groupes à risque » et les usagers vulnérables
Le Comité des experts définit un groupe à risque comme « une sous-population d’usagers de la route ou de citoyens dont le risque d’être « responsable » d’un accident corporel de la circulation routière et/ou celui de subir des blessures graves (« vulnérabilité ») lors d’un tel accident sont particulièrement élevées relativement à d’autres sous-populations ».
Quatre « groupes à risque » sont traités dans ce rapport des experts. Pour chacun des recommandations sont proposées et détaillées.
Les jeunes conducteurs
Les jeunes de 15 à 24 ans constituent un enjeu majeur de sécurité routière. Ils représentaient en 2013 12 % de la population mais 24 % des personnes tuées et 27 % des blessés hospitalisés.
Le Comité des experts s’est appuyé sur trois dimensions psychologiques, développées dans le Tome 2, afin de proposer des mesures adaptées et pertinentes pour réduire le risque et la mortalité des jeunes.
Certaines mesures suggérées concernent l’éducation et la formation :
- mise en place d’un permis probatoire renforcé, consistant en une seconde phase de formation dans l’année qui soit l’examen,
- extension et promotion des formes de conduite accompagnée (AAC entre 16 et 18 ans, conduite supervisée après 18ans) et réalisation d’une expérimentation sur l’AAC chez les 15 ans,
- renforcement de l’enseignement théorique de la sécurité routière lors de la formation initiale, sans surcoût pour les jeunes, mais dispensées au long de la formation,
- extension du continuum éducatif jusqu’à 25 ans...
D’autres mesures visent la prévention de la prise de risques : intervention sur les composantes sociales du risque des jeunes, prévention de l’alcoolisme au volant, prévention de la consommation de cannabis au volant, prévention de la fatigue.
Les usagers de vélo
Un large nombre de mesures ont été proposées pour réduire la mortalité des cyclistes. Elles sont réparties en différents chapitres : l’invention d’un système de surveillance pour accompagner les actions en faveur du vélo, le développement des aménagements cyclables selon une politique globale cohérente, une saillance visuelle améliorée, des équipements pour les autres usagers adaptés aux cyclistes, la mise en œuvre d’une politique d’éducation comportementale et une plus grande protection en cas d’accident.Parmi les recommandations avancées, le Comité des experts a jugé que certaines affichaient « un rapport coût-efficacité très favorable » :
- s’assurer de la saillance des vélos de nuit comme de jour,
- promouvoir le port du casque,
- prévenir l’utilisation des principaux distracteurs,
- et, sensibiliser les usagers motorisés à la présence et aux comportements des usagers de vélo.
La meilleure prévention avancée par le Comité des experts reste néanmoins, « lorsque les investissements d’infrastructures sont consentis, la création de pistes cyclables séparées du trafic motorisé ».
Les usagers de deux-roues motorisés
Les deux-roues représentent un fort enjeu de sécurité routière. En effet, un quart des personnes tuées dans les accidents de la route en 2012 sont des usagers de deux-roues motorisés, alors qu’ils constituent moins de 2 % du trafic.
Les mesures recommandées par le Comité des experts pour l’ensemble des usagers de véhicules motorisés (voitures, camions, moto...) ont également des effets sur les deux-roues motorisés mais selon les experts « pas toujours au même titre que pour les autres ». C’est pourquoi le Comité des experts a proposé des actions spécifiques à ce mode de déplacement dans ce Tome 2. 6 catégories de mesures sont envisagées :
- un système de formation plus orienté vers la sécurité,
- une saillance visuelle améliorée,
- des actions sur l’infrastructure routière,
- un système de freinage plus performant,
- une meilleure efficacité du contrôle sanction,
- et, l’amélioration de la protection des usagers de deux-roues motorisés en cas de choc.
Les seniors
La population des personnes âgées de 65 ans et plus augmente ainsi que leur mobilité individuelle. Les premières répercussions de ces hausses sur l’accidentalité sont perceptibles depuis 2010. Aussi, il est admis que les seniors sont plus fragiles et donc plus « vulnérables » que des adultes « dans la force de l’âge ».
Les experts se sont donc penché sur ce sujet afin de soumettre des recommandations pertinentes pour réduire la mortalité et l’accidentalité de ce « groupe à risque ». Les mesures peuvent être axées sur le vieillissement physiologique ou pathologique mais il n’a pas été envisagé de proposer des mesures réglementaires spécifiquement à cette classe d’âge, elles seraient stigmatisantes et discriminatoires.
Les propositions détaillées dans le Tome 2 sont :
- orienter les personnes âgées vers des véhicules adaptés à leur handicap,
- favoriser une meilleure appréhension collective des effets du vieillissement sur l’usage de la route,
- impliquer davantage le corps médical tout en renonçant à un contrôle systématique,
- impliquer les formateurs à la conduite,
- développer les évaluations des programmes d’accompagnement et impulser ces programmes,
- développer les moyens de déplacement alternatifs à l’automobile,
- aménager les infrastructures routières et piétonnières,
- et, proposer des permis avec restrictions.
Pour plus de détails sur les recommandations des experts, télécharger le rapport ci-contre.