Les chercheurs du projet DYMOA ont équipé des motos et des voitures avec des instruments de mesure et des caméras afin de comprendre les comportements des conducteurs et leurs usages de l’infrastructure. Outre le développement de la méthodologie de recueil de données, l’objectif était de comprendre le comportement dynamique des deux-roues motorisés en utilisation réelle pour identifier des situations de « presque-accidents », et leurs usages des infrastructures afin de faire progresser la conception et l’aménagement des routes pour tenir compte des spécificités des deux-roues motorisés.
Une procédure juridique spécifique pour protéger les données personnelles
Le projet DYMOA est financé par la Fondation Sécurité Routière (FSR). Il repose sur l’instrumentation d’une flotte d’une trentaine de véhicules à l’aide d’un enregistreur de données d’événements (EDR) de type smartphone dédié à l’expérimentation. Cette flotte a circulé sur les départements de Seine-Maritime, Bouches-du-Rhône et Hérault. Plus de 3 200 parcours ont été enregistrés, soit environ 42 000 kilomètres. Il a fallu une année pour récolter les enregistrements des données. Afin de garantir la protection des données personnelles des conducteurs volontaires à ce projet, une procédure juridique spécifique a été mise en place. Les données portent sur les parcours des véhicules, les incidents éventuels détectés par le dépassement de seuils dynamiques des véhicules, les passages sur des zones d’intérêt (sections accidentogènes, aménagements spécifiques). Le contexte extérieur au véhicule a également été enregistré.
Plus de 1 000 situations à risque enregistrées
Durant l’année de recueil, aucun accident n’a été enregistré. Différents types de situation ont été relevés : les incidents (« situations dangereuses ou risquées, à la limite du contrôle par le conducteur »), les événements (« situations de conduite avec un déclenchement de courte durée plus lié à un défaut ou un aménagement spécifique de l’infrastructure qu’au comportement du conducteur ») et des passages en zone d’intérêt. Le recueil de plus de 700 événements et 430 incidents a permis de déterminer quelques types d’infrastructures posant des problèmes aux deux-roues motorisés (2RM) et de localiser des zones à risques les concernant. Des aménagements spécifiques ou des zones accidentogènes ont été analysées de manière détaillée et les comportements de conduite respectifs des automobilistes et des motocyclistes ont été comparés. L’utilisation réelle des capacités dynamiques des 2RM a été observée, ainsi que leurs spécificités par rapport aux voitures. Les enjeux de sécurité 2RM liés à l’infrastructure ont été mis en exergue en s’appuyant sur le fichier national des accidents corporels de la circulation (dit fichier BAAC) sur l’année 2011 et l’analyse de plus de 71 000 accidents corporels. Les résultats obtenus permettront d’alimenter les guides de conception d’aménagement routier.
Des résultats majeurs valorisés
DYMOA a abouti à l’élaboration d’un enregistreur embarqué basé sur l’usage d’un smartphone dédié, sécurisé et adapté aux 2RM et aux véhicules légers. Les mesures juridiques et techniques développées ont permis d’obtenir l’autorisation de la CNIL (délibération 2016-034 du 11 février 2016). Il en est résulté une base de données unique permettant de mieux appréhender la dynamique des 2RM et le comportement de leurs conducteurs en lien avec les aménagements routiers. Les données recueillies continuent d’être exploitées dans le but de concevoir des aides au diagnostic des réseaux routiers.