L’anxiété de la conduite est un phénomène relativement commun dans les sociétés modernes. Elle peut aller de la simple appréhension lors de situations de conduite spécifiques (manœuvres, autoroute, etc.) à une réelle phobie de la conduite empêchant les personnes de prendre le volant ou même de monter dans une voiture.
L’ampleur de l’anxiété de la conduite est encore peu connue
Il existe très peu de données sur la prévalence de ce phénomène dans le monde et aucune donnée en France jusque 2021.
La seule étude de prévalence en population générale a été menée en Nouvelle-Zélande par Taylor en 2018 (The extent and characteristics of driving anxiety. Transportation Research). Les données obtenues via une enquête sur un échantillon représentatif de la population montrent que 52 % des 441 répondants déclarent avoir une légère anxiété à la conduite (entre 2 et 4 sur une échelle de 0 à 10), tandis que 16 % déclarent une anxiété modérée à sévère (entre 5 et 10).
L’ampleur de ce phénomène en France est encore peu connue de sorte que l’étude « Prévalence de l’anxiété de la conduite et impact sur les capacités attentionnelles en conduite », conduite par l’Université Gustave Eiffel, a cherché à quantifier la proportion de la population française concernée et ses caractéristiques.
La première enquête de prévalence de l’anxiété de la conduite menée en France a permis d’en mesurer l’ampleur : 79 % des français seraient concernés
La première enquête de prévalence de l’anxiété de la conduite a été menée en France en 2021 sur un échantillon de 5 000 personnes représentatives de la population française selon le genre, l’âge, la catégorie socio-professionnelle, la région d’habitation et la taille d’agglomération de résidence.
L’anxiété est apparentée à une peur diffuse, un stress plus ou moins durable dans le temps face à un élément, une situation ou un environnement particulier. Dans l’enquête menée par l’Université Gustave Eiffel, l’anxiété de la conduite relève d’un continuum allant d’un simple stress jusqu’à une phobie en passant par l’anxiété de certaines situations, ou de la conduite en général.
Les résultats de l’enquête montrent que 79 % des français seraient concernés par l’anxiété de la conduite avec un niveau d’anxiété moyen de 3 (sur une échelle de 0 à 10 entre « pas du tout » et « extrêmement »). Parmi ces personnes, 15,6 % considèrent que cette anxiété est difficile à vivre.
Les personnes concernées par l’anxiété de la conduite présentent un profil socio-démographique marqué
Les personnes anxieuses de la conduite sont plus souvent des femmes (54,5 %) et en moyenne, elles rapportent des niveaux d’anxiété plus élevés que les hommes. Plus les personnes sont jeunes, plus ce niveau d’anxiété de la conduite est élevé. Et les personnes résidant dans des agglomérations de grande taille (≥ à 50 000 habitants) rapportent également des niveaux d’anxiété plus élevés.
Cette enquête montre également que les personnes appartenant à la catégorie professionnelle intermédiaire et basse (CSP-) déclarent un niveau d'anxiété au volant plus élevé que celles appartenant aux catégories professionnelles supérieures (CSP+). Ce résultat est en accord avec une précédente recherche française sur la prévalence des troubles mentaux tels que les troubles anxieux (les plus fréquents), les troubles de l'humeur, les syndromes psychotiques ou la dépendance à l'alcool ou aux drogues (Cohidon et al., 2009). Ces auteurs ont observé que parmi les actifs occupés, les catégories les moins favorisées, les employés de bureau et les ouvriers (correspondant en partie à la CSP- de l’échantillon) étaient les plus gravement touchées.
L’anxiété de la conduite a un impact sur la vie quotidienne et les facteurs contribuant à cette anxiété sont multiples
Plus l'anxiété est élevée, plus l'impact sur la vie quotidienne et la honte sont importants. Au sein de l’échantillon, 32 % des femmes et 22 % des hommes sont parmi les personnes qui sont le plus impactées par cette anxiété de la conduite dans leur vie quotidienne. La proportion des moins de 35 ans est plus importante dans ce groupe. Les personnes les plus impactées de l’échantillon sont aussi celles qui conduisent le moins. De façon intéressante, chez les personnes le plus fortement impactées, environ un quart rapportent des niveaux d’anxiété de la conduite relativement faible (inférieur à 5).
Le facteur qui semble avoir la contribution majeure à l’anxiété de la conduite est le fait de manquer de confiance envers le comportement des autres conducteurs. Viennent ensuite le fait d’avoir été informé(e) sur les dangers de la conduite (via des magazines, la télévision ou autre), d’avoir été témoin d’un accident puis le fait de manquer de confiance en soi.