Cette enquête menée auprès de 277 000 Français a permis d’élaborer le baromètre des Villes Cyclables 2021. Réalisé par la Fédération française des Usagers de la Bicyclette (FUB), il offre un panorama du système vélo et des progrès restant à faire pour garantir une pratique cycliste sécurisée.
1625 communes sont évaluées dans ce 3ème baromètre des villes cyclables
Cette 3ème édition du baromètre des villes cyclables est l’occasion d’actualiser les résultats obtenus lors des deux premières sessions (2017 et 2019) par la Fédération française des usagers de la bicyclette (FUB). L’engouement autour de cette enquête nationale est réelle puisque le nombre de participants et de communes évaluées augmente à chaque édition. En 2017, la FUB avait pu classer 330 communes, puis 750 en 2019 pour atteindre 1 625 en 2021.
Si le baromètre est une traduction du ressenti et des attentes des usagers cyclistes, il est également crucial pour l’orientation des politiques cyclables associées. Les pouvoirs publics locaux s’en sont saisi et en ont fait un outil de diagnostic (identification du besoin citoyen et des enjeux), permettant ensuite de formaliser une action tout en assurant une gestion dynamique. Il prouve également son utilité au travers du développement de la pratique évaluative de l’action publique, dans la mesure où cette enquête associe les citoyens dans une ampleur inégalable avec les autres outils.
Concrètement, il permet par exemple aux collectivités locales de se comparer par rapport aux performances des communes présentant les mêmes caractéristiques (taille, population, trafic etc.) et d’en tirer des enseignements sur leurs propres politiques cyclables. Il permet en outre un parangonnage sur les bonnes pratiques favorisant le développement du vélo.
277 000 personnes ont répondu à cette enquête sur le vélo, un record mondial
Largement inspiré du baromètre proposé chez nos voisins Allemands, l’édition 2021 a permis de recueillir 277 284 contributions. Seules les communes ayant collecté au moins 50 réponses ont été intégrées au classement, riche de 1 625 communes métropolitaines et ultramarines. Pour davantage de pertinence dans les comparaisons, ces villes sont regroupées comme suit : les grandes villes (plus de 100 000 habitants), les villes moyennes (entre 15 et 100 000 habitants), les communes de banlieues, les petites villes (de 5 à 15 000 habitants) et enfin les bourgs et villages (moins de 5 000 habitants). Les terittoires ultramarins font l’objet d’un classement à part.
Les volontaires ont répondu à 26 questions, réparties en 5 thématiques. Ils ont ainsi pu s’exprimer sur leur ressenti général, sur la sécurité des déplacements cyclistes, sur leur confort, sur les efforts de la commune en matière de politiques cyclables, et sur le stationnement et les services vélo. Une note moyenne sur 6 a été attribuée à chaque ville, puis associée à une évaluation qualitative allant de A+ « climat vélo excellent » à G « climat vélo très défavorable ».
La parité est presque atteinte, puisque 46 % des répondants sont des femmes (42 % en 2017 et 2019). L’avis de tous les usagers est pris en compte, les trois-quarts d’entre eux déclarant circuler à vélo au moins une fois par semaine, principalement pour des déplacements utilitaires (68 %), des loisirs (62 %) ou pour se rendre au travail ou à l’école (60%).
La pratique se développe malgré des difficultés persistantes
Cette troisième édition du baromètre des villes cyclables a vu le profil des répondants se diversifier. Sur les éditions de 2017 et 2019, les volontaires étaient majoritairement des hommes, utilisant le vélo pour des déplacements « utilitaires » ou pour du « vélotaf » (déplacement domicile-travail), en milieu urbain. Pour cette édition 2021, une diversité s’est opérée au niveau du genre, des fréquences d’utilisation, du milieu et des usages du vélo. Cela permet d’améliorer la représentativité des échantillons locaux de populations.
Toutefois, malgré cette multiplication des profils et donc des points de vue, le ressenti général reste le même. Les répondants estiment en effet que le climat cyclable est « plutôt défavorable » pour l’usage au quotidien. D’ailleurs, ce constat ne varie que très peu selon le territoire ou les catégories de villes. Le score global est de 2.98/6 et marque une hausse par rapport à 2019 (2.9/6) mais une baisse par rapport à 2017 (3.02/6). Aucune des 5 thématiques (ressenti, sécurité, confort etc.) n’atteint la note moyenne de 3.5/6.
Dans le détail, 64 % des personnes répondantes jugent mauvaises les conditions pour la pratique du vélo.
Cependant, un tiers des répondants (36,5%) estime que la situation s’est améliorée sur les 2 dernières années, alors que 16 % estiment qu’elle s’est dégradée.
Alors que le score global ne varie guère selon les territoires, certaines thématiques affichent des différences significatives entre catégories de villes. C’est le cas notamment du sentiment de sécurité à vélo, pour lequel les bourgs et villages expriment un meilleur ressenti que les petites, moyennes et grandes villes (3.21/6 contre respectivement 3.08, 2.92 et 3.03/6). Ceci peut s’expliquer par le trafic et moindre dans les bourgs et villages, ce qui contribue à favoriser le sentiment de sécurité. A l’inverse, la note relative au stationnement et aux services proposés aux usagers cyclistes augmente avec la taille de la ville (de 3.11 pour les bourgs à 3.43/6 pour les grandes villes). Nous pouvons supposer que les collectivités adaptent l’offre en fonction de la demande, qui elle-même croît avec la population.
Ce que les usagers attendent des politiques cyclistes
Ce baromètre est également utile pour identifier les besoins et formaliser les demandes des usagers cyclistes. La priorité qui semble émerger des réponses concerne la sécurité des déplacements, à la fois pour favoriser la démocratisation de la pratique auprès des non-cyclistes et pour assurer l’intégrité physique des cyclistes actuels. Cet enjeu est particulièrement vrai pour les femmes, dont la note moyenne attribuée dans la thématique « sécurité des déplacements » est significativement plus faible que celle des hommes (2.75/6 contre 2.84/6). En outre, 54 % des répondants déclarent ne pas se sentir en sécurité à vélo.
Le deuxième aspect mis en exergue concerne le partage de la voirie avec les autres usagers, et particulièrement les automobilistes. En effet, les trois quarts des individus considèrent que le trafic motorisé est gênant pour la pratique du vélo et 43 % affirment que les conflits avec les piétons sont fréquents. Au-delà de la cohabitation sur la voirie, une meilleure intermodalité semble de mise, en particulier avec les transports en commun avec lesquels les connexions restent difficiles d’un point de vue logistique (60 % jugent compliqué le stationnement des vélos en gare). Il ressort donc du baromètre un besoin pour les cyclistes de repenser les aménagements et infrastructures de manière à les rendre plus inclusives.
Enfin, à partir des questionnaires, la FUB elle-même s’exprime et interpelle les acteurs de la conception des politiques cyclistes sur la nécessité de placer l’usager au centre des réflexions politiques, pour miser sur leurs retours d’expériences. Le paradigme sur la place de la voiture doit également être révisé pour permettre le développement de la pratique cycliste et favoriser l’intermodalité dans un environnement sécurisé et inclusif.
Pour plus de détail, le baromètre complet est disponible sur le site parlons-vélo.