La "conduite distraite" (distracted driving) est évoquée dans la littérature internationale comme une cause majeure et croissante d'accidents de la circulation routière et pourtant la grande majorité des conducteurs utilisent le téléphone, la radio, mangent/ boivent voire fument etc., durant leur temps de conduite.
L'objectif de ce rapport est de clarifier les notions, de faire un bilan des problèmes d'attention en conduite et de proposer un certain nombre de pistes d'action à mettre en œuvre pour limiter leur impact sur l'accidentalité.
La conduite est typiquement une activité « qui sollicite fortement les processus d'attention, en lien avec la rapidité de son déroulement, la complexité de certaines situations et la faible prévisibilité de certains événements ; de la même façon qu'elle sollicite les processus de vigilance, en lien avec sa durée de réalisation et le caractère monotone de certaines tâches ».
Définition et analyse du défaut d'attention : composantes et effets
Ce rapport se propose tout d’abord de définir les différentes acceptations de la perturbation de l’attention pour en mesurer tous les aspects souvent complexes à travers une analyse de la littérature scientifique internationale sur ce sujet. Il vise notamment à mieux expliciter ce que sont les processus de vigilance et les processus attentionnels (qui recouvrent parfois la même réalité dans le langage courant).
Il est précisé que : «l'inattention à la conduite caractérise une affectation insuffisante de ressources attentionnelles à cette activité pour pouvoir l'accomplir de manière sûre » alors que la distraction par une activité annexe se « caractérise par un détournement de l'attention vers un élément ou un événement sans lien avec la tâche de conduite, au détriment des activités cruciales pour une conduite sûre, que ce soit sur le plan des fonctions perceptives, cognitives ou motrices ».
Ce rapport étudie les différentes formes de détournement d’attention qui peuvent engendrer des risques accidentels plus ou moins élevés selon les types de ressources qui sont mobilisées et leur durée de mobilisation.
Il propose un regard éclairant sur les processus d’attention et de vigilance, et aborde aussi bien les enjeux liés au problème d’attention que leurs impacts sur la conduite.
Il analyse les différentes formes et sources existantes de distraction telles que : l’usage du téléphone, le réglage de la climatisation, l’interaction avec les passagers du véhicule, le déplacement d’un objet dans l’habitacle (chien qui s’agite, guêpe qui vole, etc.). La question de l’estimation du problème de l’inattention sur la conduite- lorsque par exemple un conducteur laisse « errer son esprit tout en conduisant » - est également abordée.
Au sein de ce rapport, il est évoqué le fait que les données statistiques sur la défaillance d’attention au volant sont peu nombreuses en France.
Il est d’ailleurs précisé que si une connaissance « globale existe, elle est imprécise ou pas détaillée, notamment sur des sujets d’intérêt comme l’usage des téléphones avec kit intégré et le risque relatif d’accident des kits intégrés vs les kits mains libres ou vs les téléphones tenus en main ».
La question de l’utilisation du portable au volant sous toutes ces formes est abordée de même que celle du véhicule connecté (et de l'usager connecté) en lien avec la sécurité routière et le défaut d’attention.
3 grandes Pistes d'action
Des pistes d’actions sont proposées en fin de rapport à travers diverses orientations : il est proposé par exemple de mettre en œuvre des actions de « sensibilisation de l'ensemble des usagers de la route aux risques potentiels générés par tout ce qui détourne l'attention de l'activité de l'activité de conduite ».
Plus précisément, il est suggéré de :
- mieux développer le recueil des données sur ce sujet afin de les connaitre davantage et de veiller à ce qu'elles soient davantage représentatives ;
- mettre en place « dès la formation initiale », un module d"attention" « complété par des campagnes de communication rendant concrètement compte de ces risques » ;
- « définir des conditions technologiques prévenant les risques liés à l'utilisation du téléphone en voiture » qui pourrait se traduire par le fait par exemple de « rendre le basculement systématique du téléphone en mode "voiture" en cas de déplacement en voiture (en le laissant débrayable pour les passagers) ».