Baromètre des villes marchables 2021

Cette enquête menée auprès de 68 000 Français a permis d’élaborer le baromètre des Villes Marchables 2021, en partenariat avec l'ADEME. Les répondants ont pu exprimer leur ressenti sur la marchabilité de la commune dans laquelle ils résident et sur leurs attentes pour améliorer la sécurité des mobilités piétonnes.

Qui a participé à cette enquête ?

La première édition de ce baromètre naît du travail conjoint de 3 associations, la Fédération française de la randonnée pédestre, Rue de l’Avenir et 60 millions de piétons, qui créent le collectif "Place aux piétons", une plateforme associative. Plus de 68 000 Français ont répondu à une enquête d’opinion diffusée nationalement, en France métropolitaine comme en Outre-mer, permettant ainsi d’évaluer la marchabilité de près de 200 villes (au moins 1 évaluation est néanmoins enregistrée sur 5 000 communes). Ce questionnaire a été inspiré par le baromètre des villes cyclables, pour mieux connaître les comportements et enjeux relatifs à la mobilité piétonne, source d’une accidentalité encore élevée.

La collecte de données s’est faite auprès des citoyens qui marchent par nécessité au quotidien (achats, travail), auprès des piétons vulnérables (enfants, seniors et Personnes à Mobilité Réduite) ou encore auprès des promeneurs et randonneurs. Les volontaires ont ainsi pu partager leur avis sur 5 thématiques : le ressenti sur leur quotidien de piéton, leur sentiment de sécurité, leur confort de marche au regard des aménagements actuels, l’importance donnée aux déplacements piétons, et enfin sur les pistes d’amélioration des aménagements et équipements existants.

Les profils des répondants sont divers et variés, avec 55 % de femmes contre 43 % d’hommes (2 % n’ont pas souhaité répondre), 62% pratiquent la marche tous les jours ou presque et deux-tiers marchent principalement en milieu urbain contre un-tiers en hors milieu urbain. Si la répartition par tailles de commune est relativement homogène (autour des 20 % pour chaque catégorie), celle par classes d’âge est inégale, puisque les moins de 25 ans ne représentent que 4 % des répondants (contre 50 % pour les 55 ans et plus).

Un mauvais score pour la quasi-totalité des 200 villes françaises évaluées

Les réponses des citoyens aux différentes questions des thématiques citées précédemment ont été transformées en notes sur 20, de manière à ce que la note de 10 représente la limite entre une mauvaise et une bonne marchabilité de la commune. Sur les 5000 communes ayant reçu au moins 1 évaluation, 199 d’entre elles ont comptabilisé au moins 40 réponses. Une note de marchabilité est ainsi attribuée à chacune de ces 199 communes, métropolitaine et ultramarines.

Bien que la significativité de l’échantillon ne soit pas garantie, en raison notamment de la sur-représentativité de certaines catégories (d’âge ou de résidence), les nombreuses réponses permettent de confirmer des connaissances acquises et d'en mettre en lumière des nouvelles sur les comportements et attentes des usagers.

Calculé à l'échelle de la région, seules 3 atteignent la moyenne. La Bourgogne Franche-Comté, la Bretagne et les Pays de la Loire ont effectivement des notes respectives de 10.7, 10.5 et 10.2/20. A l’inverse, les régions affichant les moins bons scores de marchabilité sont les Outre-mer, avec la Polynésie et la Guyane (5.1/20) et Mayotte (2.9/20). Les notes quantitatives sont associées à une note qualitative, de « très défavorable » (entre 0 et 5.2/20) à « excellent » (entre 14.2 et 20/20) pour répartir les villes en 7 catégories. A l’échelle communale, seules 5 villes sur les 199 ont une marchabilité qualifiée d’ « excellente » ou de « très favorable » (supérieure à 13.2/20).

Au regard de la taille de la ville, il semblerait que la marchabilité soit meilleure lorsque le nombre d’habitants est faible. Ainsi, les villes de moins de 5 000 habitants jugent leur commune « plutôt favorable » à la marche, quand celles entre 5 000 et 199 000 habitants l’estime « moyennement favorable », et celles de plus de 200 000 habitants « plutôt défavorable ». Le rapport n’explique toutefois pas cette tendance, même si nous pouvons envisager que les villes avec peu d’habitants ont, par définition, un trafic routier moindre ce qui jouerait en faveur du confort des piétons.

carte du ressenti par région de la marchabilité (notes C et D en général)

Le constat actuel : quelles critiques sont formulées par les piétons ?

La partie précédente faisait état d’une mauvaise appréciation générale de la marchabilité des villes par leurs résidents. Concrètement, quels sont les éléments ayant conduit les citoyens à dresser un tel bilan ?

Tout d’abord, il est important de rappeler que la catégorie des piétons est très hétérogène, les profils qui la composent sont très variés selon l’âge, le genre, les habitudes et comportements de mobilité, la commune de résidence etc. De manière générale toutefois, les membres d’associations de défense des piétons se montrent les plus critiques. A l’inverse, les membres d’associations de marcheurs et randonneurs ont un meilleur ressenti global que les non-membres d’associations, suggérant alors que la marche s’apprend.

Ensuite, la première critique à l’égard des pouvoirs publics porte sur le manque d’intérêt des communes pour ce sujet. En effet, les répondants estiment à 69 % que ces dernières sont peu à l’écoute des besoins des marcheurs et qu’elles ne font que peu d’effort (63 %).

Par ailleurs, le partage de la voirie est une autre question à enjeux pour les piétons. La très grande majorité juge importante la séparation avec les véhicules motorisés (92 % dans les villes de plus de 100 000 habitants et 86 % en secteur rural). Cette volonté vient notamment de la gêne occasionnée par ces véhicules, puisque 60 % des répondants qualifient d’ « insupportable » ou « gênante » la cohabitation, ou encore de l’absence de considération de ces usagers à leurs égards (52 % des répondants affirment ne pas se sentir respectés par les usagers motorisés). En ce qui concerne les relations avec les autres modes actifs, la séparation est également jugée importante, d’autant plus que commune est grande (86 % dans les grandes villes, 82 % pour les villes moyennes et 71 % en secteur rural).

En outre, d’autres critiques sont émises par les piétons ayant répondu au questionnaire, sur le stationnement des véhicules motorisés sur les cheminements piétons par exemple (jugé trop fréquent à 75 % dans les grandes villes et 54 % en secteur rural). 54 % estiment que les traversées de carrefours et le contournement des ronds-points sont dangereux ou bien 61 % pointent du doigt l’impossibilité de rejoindre des communes voisines en sécurité.

Enfin, les non-marcheurs (2 % du total des répondants) regrettent à 37 % pour les femmes et 28 % pour les hommes le manque d’aménagements adaptés pour piétons, c’est même la raison principale citée pour expliquer l’absence de déplacements à pied.

Quelles recommandations pour améliorer la marchabilité des villes ?

Pour terminer, les répondants ont eu l’occasion de partager leurs priorités sur les mesures à prendre par les autorités publiques pour améliorer la marchabilité.

La première demande, tous profils de piétons confondus, serait à 41 % d’assurer la sécurité et la qualité des cheminements piétons, notamment en les élargissant. En réaction au sentiment d’insécurité provoqué par les autres modes, il est demandé à 30 % de réserver l’usage des trottoirs aux piétons uniquement. En ce sens, ils sont 28 % à recommander l’intensification des verbalisations des stationnements illégaux sur les passages piétons et les trottoirs. Enfin, 28 % des répondants attendent des mesures visant à réduire la vitesse en ville.

Toutefois, les problématiques n'étant pas les mêmes selon la taille de la commune, les priorités varient en conséquence. Si la question de la largeur des trottoirs reste la priorité pour tous les types de communes, les répondants des grandes villes veulent, en 2ème position, réserver les trottoirs aux déplacements piétons. Ceux des villes moyennes revendiquent davantage de verbalisation des véhicules stationnés illégalement, quand ceux des petites villes évoquent le besoin de constituer un réseau complet de cheminement piéton. En secteur rural enfin, l’accent est mis sur la baisse de la vitesse des véhicules automatisés.

Enfin, des exigences émergent selon les besoins associés à chaque profil de répondant. Notamment, 23 % d’entre eux (principalement des personnes âgées) préconisent l’installation de bancs de repos, de toilettes et de bornes d’eau potable pour améliorer le confort des déplacements. Les moins de 34 ans valorisent plutôt l’environnement et la végétalisation de l’espace.

 

Le rapport complet est disponible sur le site du collectif Place aux piétons.