Le projet USCOMA, mené par l’Université Gustave Eiffel et le CEESAR, vise à étudier le contexte et la fréquence d’utilisation et de contrôle du smartphone et des contenus multimédias du véhicule par les conducteurs en conduite manuelle et automatisée, en envisageant les impacts sur la tâche de conduite. La première phase du projet s’intéresse à l’étude des scénarios d’usages actuels des smartphones grâce l’analyse, via intelligence artificielle, de 12 500 heures de vidéos.
Une diversité de comportements selon les situations de conduite
La fréquence d’utilisation du smartphone au volant est très hétérogène au sein de la population des 43 conducteurs participant à l’étude. Moins de la moitié des conducteurs observés contribue à 80 % des utilisations du smartphone tenu en main détectées sur les vidéos enregistrées (respectivement 19 % pour une utilisation du smartphone à l’oreille). Près des trois quarts des conducteurs qui utilisent le plus souvent leur smartphone à la main en font usage également à l’oreille. L’environnement de conduite est également déterminant quant à la fréquence d’utilisation, avec un recours au smartphone tenu à la main 2 fois plus fréquent en ville que sur route rurale. Sur autoroute l’utilisation est 43 % plus fréquente.
Les conducteurs manipulent bien plus couramment leur smartphone à l’arrêt :
- sur autoroute l’utilisation est 16 fois plus fréquente dans les bouchons que lorsque le trafic est fluide ;
- en ville cet usage est 7,5 fois plus fréquent à un feu tricolore qu’en roulant.
Un conducteur ayant utilisé son smartphone dans un passé proche l’utilisera à nouveau. 25 % des utilisations sont suivies d’une nouvelle manipulation dans la minute, 40 % dans les 5 minutes. En outre, un conducteur qui vient de se servir de son smartphone a 46 fois plus de risque de s’en resservir dans la minute.
Utiliser son téléphone à l’arrêt augmente également les chances de l’utiliser en roulant, puisque 20 % des utilisations en mouvement ont été initiées à l’arrêt.
Impact du smartphone au volant sur la qualité de la conduite : un sur-risque de collision frontale
L’utilisation du smartphone à la main entraîne des difficultés de gestion des distances de sécurité et de la direction. En effet, les avertissements de collision frontale sont 2 fois plus fréquents alors que la fréquence d’avertissements de franchissement de lignes est 1,6 fois plus élevée par rapport aux phases où le smartphone n’est pas utilisé. En cas d’utilisation à l’oreille, les avertissements de collision frontale sont également 1,6 fois plus fréquents.