En France, il n’existe pas à ce jour de continuum éducatif à la sécurité routière tout au long de la vie. Le dispositif d’éducation et de formation débute à l’école maternelle, se poursuit dans le secondaire et se termine, pour le plus grand nombre, au moment de l’apprentissage initial de la conduite d’un véhicule motorisé.
Désormais, avec la généralisation de l’accès à internet, il est possible d’imaginer une auto-formation en ligne (e-formation) gratuite et régulière, qui mettrait à la disposition des usagers des modules interactifs adaptés. Le suivi de cette e-formation et sa validation par questionnaire aboutiraient à la délivrance d’une attestation nécessaire au renouvellement du permis.
L'espace public peut être l’objet de mutations profondes lors de la vie d'un conducteur ou d'un usager de la route de manière générale. A cela s’ajoutent des bouleversements technologiques majeurs, avec l’introduction sur les routes de véhicules de plus en plus automatisés auxquels les conducteurs doivent également s’adapter.
Dans ce contexte, les besoins en formation et accompagnement des usagers, et particulièrement des conducteurs de véhicules motorisés, sont malheureusement rarement satisfaits. La directive européenne 2006/126/EC a modifié la durée de validité des permis de conduire qui est désormais de 10 ou 15 ans avec des conditions de renouvellement propres à chaque état membre. La France a choisi une durée de validité de 15 ans, avec à son terme, un renouvellement administratif. Cela offre une opportunité de proposer une formation régulière aux titulaires du permis de conduire.
Une formation à deux modules et 100% de réussite
Le Comité des experts propose de conditionner le renouvellement du permis de conduire tous les 15 ans à l’obtention d’une attestation de suivi et de validation d’une auto-formation à la mobilité, en ligne et gratuite. Appelée aussi E-FPM, cette auto-formation offrirait à chacun l’opportunité de suivre les évolutions du code de la route et des aménagements, et de réfléchir et acquérir des connaissances en matière de sécurité sur les comportements et prises de risque, les nouvelles technologies des véhicules, les spécificités des différents usagers, et en prenant aussi en compte les préoccupations liées aux différentes étapes de la vie.
Adapter la formation des conducteurs à leurs préoccupations du moment renforcerait l’adhésion au dispositif. Cette e-formation serait en outre une opportunité d’aborder les règles autrement, en ne se contentant pas de rappeler la règle et les sanctions en cas de transgression, mais en expliquant leur justification, leur bien-fondé et leur objectif. L’individu serait amené à se poser des questions, et à apprendre en s’interrogeant. Les comportements vertueux favorisant la sécurité, la santé, et l’éco-responsabilité seraient encouragés.
L’E-FPM serait composée d’un Module Principal et d’un Module Complémentaire. Le Module Principal serait commun à tous les conducteurs de véhicules motorisés, et la validation de tous les thèmes qui le composent serait nécessaire au renouvellement du permis de conduire. Les thèmes du Module Complémentaire seraient conseillés selon l’âge, le mode de déplacement, les préoccupations de vie, ou alors librement choisis. Leur validation ne serait pas nécessaire au renouvellement du permis de conduire.
Il ne s’agirait pas d’un examen, dans la mesure où tout participant, après une ou plusieurs tentatives, finirait par valider les thèmes du Module Principal, et par conséquent obtiendrait son attestation de réussite nécessaire au renouvellement du permis de conduire.
Le contenu de la formation devrait être réalisé au regard d’un cahier des charges respectueux de la législation en cours et des connaissances scientifiques actualisées, en partenariat avec les différents acteurs de la sécurité routière (INSERR, associations, ...). Ces contenus devraient être validés par la Délégation à la Sécurité Routière et mis à jour régulièrement.
Les usagers qui n’auraient pas d’accès informatique, et/ou qui auraient besoin d’un accompagnement spécifique pourraient se rendre dans les maisons de service public afin d’accéder à la plateforme de formation. L’auto-formation pourrait être mise à disposition en libre-accès à l’ensemble des usagers de l’espace public.