Les accidents continuent à faire plus de 3 000 morts et près de 300 000 blessés par an d’après les dernières estimations de l’Institut français des sciences et technologies des transports, de l’aménagement et des réseaux (Ifsttar) dans le cadre du projet REG-TRAUMA qui identifie et dénombre les accidentés sur la route.
Chaque année en France, il y a 7 blessés graves pour un tué et la valeur du blessé grave est approximée en prenant 12,5% de l’analyse des politiques touchant la mortalité humaine c’est-à-dire la Valeur de la Vie Statistique (VVS).
En somme, le phénomène du blessé s’avère une problématique d’intérêt, alors que son coût et les pertes associées restent mal connus. La valorisation socio-économique de la morbidité routière reste alors un enjeu majeur en France mais aussi en Europe.
Un projet valorisation socio-économique pour définir les composantes du coût des accidents de la route
L’objectif du projet Vasem était d’initier un travail de réflexion et de valorisation socio-économique du coût des blessés en France car leur dénombrement est souvent biaisé et incomplet. Il s’agissait de définir une méthode permettant d’avancer de nouvelles estimations mais également de déterminer le coût des composantes en rapport avec la morbidité routière. Le projet a estimé le montant de la valorisation de l’incapacité et de la morbidité routière à 15,82 milliards d’euros. On retrouve dans ce montant, le coût humain et les coûts médicaux qui ont été traités. Au niveau européen, le projet Safety Cube a permis d’apporter des outils d’aide à la décision en matière de sécurité routière. Une partie des travaux engagés a consisté à décomposer le coût des accidents de la route en plusieurs composantes et à recenser les méthodes permettant de chiffrer le coût de chacun d’entre eux.
Estimation des coûts médicaux
Les coûts médicaux correspondent à l’estimation des coûts des séjours hospitaliers en médecine chirurgie, obstétrique (MCO) et des blessés de la route. Ces informations sont extraites directement dans la base de données du Programme de Médicalisation des Systèmes d’Information (PSMI) et de l’Etude Nationale des Coûts à méthodologie commune (ENC).
Le coût d’hospitalisation MCO a été estimé à environ 360 millions d’euros. Les blessés légers correspondent à 53% contre 47% pour les blessés graves.
Pour arriver à une estimation complète des coûts médicaux des blessés légers et graves, il est essentiel d’envisager plusieurs perspectives :
- les bases de données (des démarches en cours d’obtention) nécessaires à l’estimation du coût des séjours en soins de suite et de réadaptation. Cela va permettre d’obtenir une vision plus complète des coûts hospitaliers à la suite d’un accident.
- procéder à la demande des bases permettant de traiter le coût des hospitalisations à domicile et en psychiatrie.
Selon le projet SafetyCube :
- le blessé grave représente 4,2% du coût total estimé, soit un coût médical moyen de 16 000 euros.
- le blessé léger a un coût supérieur à 1 000 euros soit 8,9% du coût total estimé à plus de 16 000 euros.
D’après les études internationales, les coûts médicaux et administratifs bien que conséquents demeurent faibles à l’égard des autres coûts notamment le coût socio-économique de la morbidité routière qui s’établit à 11 milliards d’euros.
Estimation du coût humain des blessés de la route
Au sein des coûts humains, c’est l’incapacité imputable à la morbidité routière qui a été valorisée. Le coût humain d’un blessé de la route repose sur la qualité de vie de la personne à la suite d’un accident de la circulation. Celle-ci se base sur deux valeurs :
- la perte de qualité de vie, les heath-adjusted life year (HALY) regroupent un ensemble d’indicateurs médico-économiques qui mesure des niveaux de qualité de vie liés à la santé et associés à un état de santé ou une cause de morbidité.
- la valorisation du coût humain de la morbidité routière en quantifiant la perte en coût humain d’un blessé grave de la route. Elle consiste à estimer la valeur de QALY à partir de la VVS.
Le coût humain de la morbidité routière, compte tenu des estimations nationales du nombre de blessés de la route (Amoros, 2016), était compris entre 14,82 milliards d’euros 2016 et 28,99 milliards d’euros 2016, en fonction de l’hypothèse de valorisation des blessés légers.
Afin de proposer une estimation complète du coût de la morbidité routière, le projet MVasem a commencé en juillet 2018 pour finir fin 2019 avec les missions suivantes :
- Affiner et étendre le calcul des coûts médicaux, aux blessés légers non hospitalisés, en intégrant les coûts des soins de suite, en intégrant les aux autres coûts médicaux et en affinant et en étendant le calcul des coûts humains aux blessés légers non hospitalisés.
- Proposer différentes méthodes de valorisation d’un QALY, à partir des travaux d’économie de la santé, d’une méta-analyse européenne, ou d’une expérimentation type économie expérimentale.
- Effectuer une première estimation et proposer une méthode d’estimation des pertes de production.
- Réaliser une enquête auprès des acteurs concernés pour affiner les coûts administratifs et matériels.
- Participer à l’enquête Européenne sur les coûts de l’accidentalité initiée par Vias (Belgique).
Le but de ce nouveau projet est de prendre en compte les enjeux de sécurité routière relatifs aux projets infrastructures de transport et une meilleure mise en évidence des conséquences de l’impact de la morbidité routière pour la société en général et pour les familles.