Freinage et surcharge des véhicules de transport de marchandises

La surcharge des véhicules de transports professionnels (poids-lourds et véhicules utilitaires légers) n’est pas une violation très connue du grand public mais n’en demeure pas moins un réel problème de sécurité routière. Pour un certain nombre de raisons évoquées ci-après, il apparaît nécessaire de faire respecter la règlementation vis-à-vis des charges transportées. En outre, des solutions innovantes ont fait leur récente apparition pour lutter contre ces comportements à risque.

En quoi la surcharge des véhicules pose-t-elle problème ?

  • Les questions de sécurité routière

La première conséquence du surchargement concerne directement la sécurité routière. L’excès pondéral d’un poids-lourd ou d’un véhicule utilitaire léger (VUL) va en effet induire de multiples risques mécaniques, comme l’instabilité (renversement et déportation directionnelle), la défaillance des freins, une maniabilité et puissance restreinte, ou encore la surchauffe des pneus (en allant de leur lissage jusqu’à l’éclatement). La surcharge est doublement néfaste dans le sens où elle va non seulement accroitre le risque de survenue d’accident mais aussi leur gravité.

  • Dégradation des infrastructures routières

Etroitement lié au volet sécurité routière, se pose le problème des infrastructures routières. A long terme, les véhicules en excès pondéral vont dégrader la chaussée (fissuration du bitume, nids-de-poule etc.), pouvant amener à des conséquences désastreuses dans les cas extrêmes (accidents de ponts).

  • Problèmes économiques et environnementaux

Enfin, pour comprendre ce qui motive les agents économiques de l’industrie du transport à agir ainsi, il faut se mettre à leur place : surcharger un véhicule permet de réduire le nombre de trajets effectués, et offre donc un gain financier en fin de course. Une compétition déloyale a ainsi lieu entre les acteurs de l’activité, mais aussi entre modes de transports (les modes naval et ferroviaire sont désavantagés). Pour illustration, un excès de 20% du poids légal va engendrer un surplus de bénéfice de 25 000€ pour une année et par véhicule, bénéfice excédant de loin les amendes reçues en cas de contrôle. Il faut aussi réaliser que la consommation de carburant augmente avec la charge, ce qui n’est pas plus viable pour l’environnement.

Conséquences sur la distance de freinage des véhicules utilitaires légers

Le projet « Effet des surcharges sur la distance de freinage des VUL » mené conjointement par l’Université Gustave Eiffel et le Centre d’études et d’expertises sur les risques, l’environnement, la mobilité et l’aménagement (Cerema) s’est intéressé au lien entre charge du véhicule et distance de freinage d’un véhicule utilitaire. Cette étude achevée en 2020 fait l’objet d’une fiche étude dans le bilan 2020 et est jointe en annexe de cet article.

A l’aide de simulations numériques et d’essais sur piste, ils ont ainsi pu montrer l’influence de la surcharge sur les distances de freinage. A noter également que l’état de la chaussée et la vitesse du véhicule ont une influence.  L’équipe de recherche conclue alors que :

  • la distance de freinage augmente avec la vitesse, de manière non linéaire – la distance double en moyenne lorsque la vitesse augmente de 30 km/h ;
  • au-delà de 50 km/h, la distance augmente non proportionnellement avec la surcharge – elle augmente plus vite que la surcharge ne croit ;
  • l’adhérence de la chaussée joue grandement sur la distance de freinage – au-delà du poids limite autorisé pour un VUL, la distance de freinage à 110 km/h peut augmenter de 20 mètres sur chaussée mouillée par rapport à une chaussée sèche. 

 Distances de freinages pour différentes charges sur chaussée sèche et mouillée

D'où l'importance de lutter contre la surcharge des véhicules

Devant les limites des méthodes classiques, une solution technique innovante, le pesage-en-marche permettrait de lutter contre ce phénomène.

Les méthodes actuelles de pesage à l’arrêt sont chronophages pour le conducteur et pour les forces de l’ordre, sont coûteuses en moyens humains et financiers, et manquent d’efficience pour être suffisamment dissuasives (30 ans en moyenne entre deux contrôles d’un même véhicule). Le pesage-en-marche vient répondre à tous ces inconvénients ou presque.

Qu’il soit lent ou rapide, ce type de contrôle s’effectue instantanément, en mouvement et sur des aires dédiées en amont des gares de péage, sans impacter l’itinéraire du chauffeur et limitant ainsi sa perte de temps. Cette méthode est précise, n’autorisant qu’une marge d’erreur de 3 à 5%, et permettant de peser tout type de véhicule à tout instant de la journée.

Toutefois, si le cadre légal européen rend favorable sont installation sur toutes les routes, la mesure n’est pas encore opposable aux tiers par manque de métrologie légale impliquée. A l’heure actuelle, le dispositif peut relever une surcharge et prendre une photo du véhicule, mais ne donne lieu à aucune amende.

Illustration du dispositif de pesage en marche
Illustration du dispositif de pesage en marche. Source : Cerema