Le déconfinement peut se révéler être l'occasion de redonner à la marche la place qu'elle mérite afin d'assurer confort, mais aussi sécurité sanitaire et routière : Le Cerema publie un guide pour aider les collectivités à aller dans ce sens.
En France, les mesures de confinement ont entraîné une baisse inédite de tous les déplacements, et un recul sans précédent de la présence des véhicules motorisés sur la voirie. Des opportunités de rééquilibrage de l’espace public viennent émerger dans le débat politique. Le Cerema a donc publié un guide visant à aider les collectivités à développer des aménagements piétons provisoires afin de promouvoir ce mode de déplacement.
Ce document, produit par le Cerema, a été co-construit avec les collectivités, les associations et les services de l’État.
Les solutions techniques proposées sont nourries par les nombreux retours d’expériences d’aménagements réalisés par le Cerema. Elles ont pour particularité : de pouvoir être mises en place très rapidement, de s’adapter facilement aux évolutions des usages et d’être réversibles, mais aussi de concerner tout type de territoire et toute taille de commune, des secteurs très denses comme des zones péri-urbaines ou encore des centres-bourgs en milieu rural. Ces aménagements temporaires ou transitoires pourront par la suite être pérennisés, modifiés ou supprimés.
La marche, un mode de déplacement à développer
En France, en milieu urbain, la marche possède un potentiel de développement important sur les déplacements courts. Si sa part modale est de près de 70 % pour les déplacements de moins de 1 km, elle chute à moins de 25 % pour les déplacements de 1 à 2 km avant de tomber sous les 10 % pour les déplacements entre 2 et 3 km et devient marginale au-delà. Or, les arguments en faveur du déplacement à pied sont nombreux :
- la marche est un mode de déplacement du quotidien permettant la mise en place d’une distanciation physique nécessaire à la lutte contre le virus, si les aménagements piétons sont suffisamment bien dimensionnés
- la marche est un mode de déplacement capacitaire, environ deux fois plus2 que l’automobile à espace disponible équivalent en respectant les distanciations physiques, ce qui permettra de mieux absorber le report attendu depuis les transports collectifs
- la marche permet également de répondre à d’autres enjeux comme l’urgence climatique ou encore la sédentarité, la pollution locale, la congestion du réseau routier en milieu urbain.
Mais pour révéler le potentiel de la marche, convaincre les automobilistes et usagers des transports collectifs de réaliser à pied les déplacements courts, il est nécessaire de créer les conditions les plus favorables possibles pour les piétons : élargissement des cheminements piétons, accessibilité des cheminements, sécurité des traversées piétonnes avec des temps d’attente adaptés, espaces d’attente suffisamment dimensionnés devant les commerces et les établissements recevant du public, lieux de pause et de repos, qualité et confort des espaces publics. Il s’agit de renforcer la sécurité des piétons vis-à-vis des véhicules motorisés et d’améliorer les déplacements des personnes à mobilité réduite en allant vers une société plus inclusive.
Des leviers pour promouvoir la marche
Étendre les zones à priorité piétonne
C’est l’occasion d’engager ou d’accélérer le développement des zones à priorité piétonne comme les zones de rencontre et les zones piétonnes.Réserver temporairement des rues aux modes actifs
La fermeture de la rue offre une gestion facilitée d’un flux piéton conséquent, en permettant un éloignement sanitaire entre les individus et en récupérant de l’espace pour créer des lieux d’attente. Une aire piétonne peut être temporaire, donc évolutive dans le temps.
Élargir les cheminements pour piétons
Ce gain de place peut être également partagé avec les cyclistes.
Organiser et ajouter des espaces d’attentes
Lorsque le trottoir a une largeur suffisante, le cheminement et l’attente des piétons peuvent facilement être conciliés. Pour inciter les usagers à respecter une largeur de passage de 1,40 m minimum, des éléments de repères influençant les comportements pourraient être utilisés.
Faciliter les traversées piétonnes
Cela peut s’effectuer en accélérant le processus de suppression des emplacements motorisés 5m en amont des passages piétons, ou également en augmentant la longueur des bandes blanches de la traversée piétonne.
Retrouvez les informations sur le site du Cerema