Les inégalités territoriales dans l'accidentalité routière des jeunes français

L’APR (association prévention routière), créée en 1949, a pour habitude de conduire des actions préventives pour lutter contre la mortalité sur les routes. Cette étude cible particulièrement les jeunes adultes, et cherche à produire des connaissances sur le lien entre disparités socio-spatiales et accidentalité routière chez les 18-24 ans.

 

L'accidentalité chez les jeunes adultes varie du simple au double selon les territoires

L’APR a entamé cette étude après avoir observé de grandes disparités territoriales dans l’accidentalité et la mortalité routières en France métropolitaine. Celles-ci sont particulièrement marquées chez les jeunes conducteurs de 18 à 24 ans. Ainsi, quand certaines régions dénombrent 90 morts par million d’habitant (déjà bien supérieur à la moyenne nationale aux alentours des 50), d’autres en comptent le double avec 180.

Le caractère géographique de l’accidentalité était déjà connu et n’est plus à démontrer. En effet, elle dépend à la fois de l’environnement (milieu rural opposé au milieu urbain) et des caractéristiques socio-économiques (genre et revenu notamment).

Toutefois, la distinction entre les classes d’âge n’est pas systématiquement opérée dans ces études, si bien qu’il était pertinent de focaliser les travaux sur les jeunes adultes. L’équipe de recherche s’est donc intéressée à la notion de territoire dans l’accidentalité et aux caractéristiques socio-économiques et démographiques des jeunes conducteurs (18-24 ans), analysés au regard d’une autre classe d’âge (les 25-35 ans).

Le genre, le budget mensuel et le niveau d'étude jouent un rôle déterminant dans leur accidentalité

Affiche de recrutement de volontaires
Source : Rapport final de l'étude menée par APR

Pour répondre à la problématique, un questionnaire a été diffusé à destination des 18-24 ans. Après réception d'environ 4000 réponses de titulaires du permis A, AM ou B, l'équipe de recherche a pu en apprendre davantage sur leurs caractéristiques démographiques et socio-économiques d'une part, et sur leurs expériences d'accidents et de pertes de points d'autre part.

Tout d’abord, lorsque l’on s ‘intéresse aux expériences d’accidents des jeunes adultes, les variables déterminantes semblent être le genre, le budget mensuel de l’individu et son niveau d’étude. Ainsi, les conducteurs ayant le moins d’accidents sont en moyenne les femmes, titulaires du permis de conduire depuis peu (permis probatoire). A l’inverse, les plus susceptibles d’avoir des accidents sont les hommes, plus âgés que la moyenne et ayant déjà perdu des points sur leur permis. Ces derniers disposent également d’un budget mensuel supérieur aux autres et ont un niveau d’étude plus élevé.

En outre, si l’on s’intéresse aux expériences de pertes de points, des résultats similaires sont observés, et ce sont les mêmes variables qui expliquent la propension des individus à perdre des points.

Les résultats sur le genre rejoignent ceux déjà connus chez l’ensemble de la population toutes classes d'âge confondues, puisque la mortalité des femmes est bien moins importante que celle des hommes. A noter également que seules les caractéristiques socio-économiques jouent un rôle dans l’accidentalité ou la perte de points, la dimension territoriale ne semble pas s’exprimer ici.

Quels profils caractéristiques de jeunes sont identifiés comme accidentogènes ?

Les jeunes sont une population particulière dans la mesure où la notion de territoire ne semble pas avoir d’influence sur leur accidentalité, à l’inverse du reste de la population pour laquelle elle est plus élevée dans les zones rurales. L’équipe de recherche a donc identifié des profils types de jeunes adultes, plus à même d’expliquer les comportements de cette catégorie.

9 profils sont ainsi identifiés. Parmi ceux-ci, les pendulaires désignent les individus qui vivent dans un lieu différent la semaine et le week-end. Ce sont typiquement les étudiants qui rentrent chez leurs parents, et ont la particularité de favoriser le vélo ou les transports en commun en semaine, mais seront ceux qui utilisent le plus la voiture le week-end. Les jeunes adultes de cette catégorie sont donc davantage prônes au risque le week-end.

La catégorie des distraits regroupe les individus déclarant utiliser le téléphone au volant. La part des hommes dans ce groupe est particulièrement élevée, et les distraits conduisent plus et ont un budget et un niveau d’étude supérieur à la moyenne des jeunes. La dimension territoriale ne semble toutefois pas avoir d’influence.

Enfin, nous pouvons parler du groupe caractéristique des accidentés graves lequel englobe les jeunes ayant déjà été impliqués dans un accident grave ou mortel. Les individus de cette catégorie sont la plupart du temps titulaires d’un CAP, BEP ou n’ont pas de diplôme. La dimension territoriale revêt une importance non négligeable puisque les accidents graves sont plus fréquents dans les zones rurales.

La zone d’habitation est en définitive une variable plus déterminante pour les individus plus âgés (25-35 ans), les jeunes adultes étant encore caractérisés par des grandeurs socio-économiques et leurs variables de mobilités. La définition par l’APR de profils types s’est ainsi avérée davantage pertinente pour caractériser l’accidentalité des jeunes adultes.

Plus de détails sur la méthodologie et les résultats sont donnés dans le document PDF ci-joint, ou sur le site de l'Association Prévention Routière qui a également rédigé un article : https://www.preventionroutiere.asso.fr/2022/04/21/jeunes-conducteurs-ce-qui-joue-un-role-determinant-dans-leur-accidentalite/